Une entreprise familiale n’est pas une entreprise comme une autre. Elle possède un passé et une âme. Détenue et gérée par un ou plusieurs membres d’une même famille, elle appartient au patrimoine et à l’histoire familiale. Les dirigeants, souvent partis de rien, l’ont développée au fil des transmissions, de génération en génération.
La reprise d’une entreprise familiale n’est pas un acte entrepreneurial comme un autre. Les enjeux sont nombreux, fiscaux, managériaux, commerciaux mais aussi familiaux.
Pourquoi et comment les enfants peuvent-ils reprendre une affaire familiale à leurs parents ? Quels sont les avantages et inconvénients ? Comment bien s’y préparer ? Voici quelques clés pour vous accompagner dans la reprise d’une entreprise familiale en toute sérénité.
Pourquoi reprendre une entreprise familiale ?
La reprise d’une affaire familiale est souvent un choix chargé d’émotions et d’affect. Votre père et/ou votre mère possèdent une société. Ils l’ont créée et développée. Elle leur a peut-être été cédée ou léguée par leurs propres parents. Vous les avez vus travailler toute leur vie pour développer leur activité. En tant qu’enfant, vous avez à cœur de poursuivre l’œuvre de votre famille.
Côté raison, reprendre une entreprise familiale, c’est la garantie de préserver et de développer votre patrimoine, sans risque de le voir cédé à des personnes ou capitaux extérieurs.
C’est aussi une formidable opportunité commerciale de pouvoir développer vos idées et votre stratégie dans une affaire souvent économiquement solide.
Quels sont les différents moyens de transmission d’une affaire familiale ?
En France, vous avez trois options pour reprendre une entreprise familiale. Chacune s’accompagne de conséquences fiscales, à analyser avant toute décision. Elles peuvent différer selon le statut juridique de la société, entreprise individuelle ou société (SARL, SAS, SNC,…)
La cession de l’entreprise familiale
La cession correspond à la vente de l’actif et du passif d’une entreprise. Si la société familiale est une entreprise individuelle, le principe est simple : l’enfant rachète à son parent le principal actif de la société, à savoir le fonds de commerce.
Si l’entreprise est déclarée comme société , le repreneur peut racheter soit le fonds soit les titres. Cette dernière option est souvent privilégiée.
Céder une entreprise, qu’elle soit familiale ou non, est synonyme d’impôts et de taxes. Mais dans le cadre de la reprise d’une entreprise familiale, vendeur et acquéreur peuvent bénéficier d’avantages fiscaux :
- Le prix de la cession est adaptable : dans le cadre de la reprise d’une entreprise familiale, il est plus aisé de discuter et d’adapter le prix de vente de la société aux capacités financières du futur entrepreneur
- Des conditions de paiement plus souples : pour un repreneur, il est également plus facile de négocier avec un membre de sa famille un crédit vendeur. Cela consiste à échelonner le paiement d’une partie du prix de la cession (au maximum 50%) sur une durée de 1 à 3 ans.
- Des droits de mutation allégés : un abattement de 300 000 euros est appliquée sous condition que le repreneur exploite le fonds de commerce pendant 5 ans minimum.
Une exonération totale ou partielle des plus-values professionnelles réalisées lors de la cession est aussi possible dans plusieurs cas :
- Dans le cadre d’un départ à la retraite du dirigeant : pour en bénéficier, l’entreprise doit être une PME soumise au régime de l’impôt sur le revenu et le vendeur doit avoir fait valoir ses droits à la retraite dans les 2 ans avant ou après la cession.
- En fonction de la valeur de l’entreprise : hors le cas du départ à la retraite, l’exonération des plus-values est totale si la valeur de la société est inférieure à 300 000 euros. Elle est partielle pour une société évaluée entre 300 000 et 500 000 euros.
- En fonction du montant des recettes annuelles : l’exonération est totale pour la reprise d’entreprises familiales dont le chiffre d’affaires est inférieur à 250 000 euros (entreprises de ventes de produits, hôtels, cafés, restaurants)ou à 90 000 € (entreprises de prestations de services).
La donation de l’entreprise familiale
Une entreprise familiale peut aussi faire l’objet d’une donation réalisée de son vivant par le dirigeant. Lors du décès du parent, les héritiers peuvent profiter d’allègements fiscaux :
- Une exonération des plus-values professionnelles : pour en bénéficier, la donation doit concerner l’intégralité de l’entreprise familiale, stock inclus. Le nouvel entrepreneur a l’obligation de poursuivre l’activité pendant 5 ans minimum.
- Un abattement sur les droits de transmission par donation : le pacte Dutreil permet un abattement fiscal de 75 % sous conditions. Le donateur doit prendre un engagement collectif de conservation d’une durée minimale de 2 ans. Chaque héritier s’engage à conserver, pendant au minimum 4 ans, l’ensemble des biens professionnels (dans le cas d’une entreprise individuelle) et/ou l’ensemble de ses titres et parts (dans le cas d’une société). Pendant au moins trois ans, l’héritier doit poursuivre l’exploitation (dans le cas d’une entreprise individuelle) ou exercer une activité professionnelle ou de direction dans l’entreprise familiale (dans le cas d’une société).
Si la donation est réalisée avant les 70 ans du donateur, le pacte Dutreil offre un avantage supplémentaire : la réduction de 50 % des droits de donation.
L’héritage d’une entreprise familiale
L’héritage est un acte réalisé après le décès du dirigeant. Les droits de succession sont éligibles au pacte Dutreil, sous les mêmes conditions que la donation. Ce dispositif fiscal permet de favoriser la transmission des entreprises familiales par donation ou héritage.
Cependant, la transmission par succession est souvent moins avantageuse que la donation. Elle engendre des droits de mutation et des plus-values professionnelles imposables, comme lors d’une cession d’entreprise.
Des exonérations sont possibles sous conditions. Les héritiers doivent aussi payer des droits d’enregistrement sur la succession, avec un abattement de 100 000 euros possible en ligne directe, mais seulement de 15 932 euros entre frères et sœurs.
Les avantages de reprendre une entreprise familiale
Vous envisagez la reprise de votre entreprise familiale ? C’est en effet une opportunité séduisante à bien des égards.
Des finances et une gestion saines
Une entreprise familiale est souvent une société bien gérée. Le dirigeant a en effet à cœur de préserver et de développer le capital familial, sans mettre en péril les finances de la famille et l’œuvre de sa vie. La stratégie est guidée par la prudence.
Le nouvel entrepreneur a entre ses mains une entreprise solide qu’il peut décider de maintenir tel quel ou de développer.
Un chiffre d’affaires garanti
Une entreprise familiale est souvent ancrée dans son territoire. Ses clients sont fidèles et assurent un chiffre d’affaires minimum garanti. La plupart du temps, elle entretient d’excellentes relations avec ses fournisseurs. Tous seront plus prompts à faire confiance à un repreneur issu de la même famille que l’ancien dirigeant.
Une transmission et un partage de l’expérience assurés
Souvent, le nouvel acquéreur aura entendu parler de la société, des projets, des stratégies et des clients depuis sa plus tendre enfance.
Parfois, il aura travaillé, en stage, pendant des vacances d’été ou même plusieurs mois. Cette proximité familiale facilite la connaissance de l’entreprise et de son environnement et la transmission des connaissances.
Un soutien familial en toutes circonstances
L’entrepreneuriat est une aventure composée de hauts et de bas. Reprendre une entreprise familiale, c’est la garantie de pouvoir bénéficier de conseils avisés et d’un soutien indéfectible dans les moments de questionnement et de doute.
Les inconvénients de reprendre une entreprise familiale
Si votre plan de carrière professionnelle inclut la reprise de l’entreprise familiale, sachez que cela présente aussi de vraies contraintes. Appartenir à la même famille est à la fois un avantage et un inconvénient.
Vous aurez à relever 4 grands défis.
Accepter et dépasser des visions parfois divergentes
Être de la même famille ne signifie pas avoir la même personnalité et la même vision stratégique que son prédécesseur.
Cela peut engendrer des difficultés entre un fils et son père (ou une fille et sa mère, et toutes autres combinaisons familiales possibles). Cela peut aussi créer des incompréhensions avec certains salariés, proches de l’ancien dirigeant.
Dans le cas d’une société où plusieurs héritiers se partagent des titres et des parts, les liens familiaux n’empêchent pas les divergences de stratégies. Certains peuvent souhaiter développer l’entreprise et réaliser des investissements. D’autres préféreront percevoir de meilleurs dividendes.
Supporter le poids de l’héritage familial
L’entreprise familiale a peut-être déjà vu passer plusieurs générations de dirigeants de la même famille. Il n’est pas simple de prendre la suite, sous le regard de ses ancêtres.
Le nouvel entrepreneur peut être étreint par la peur de décevoir. La peur d’être celui ou celle qui aura détruit le patrimoine professionnel de plusieurs vies. La pression sur les épaules est forte. Il faut avoir la capacité d’assumer ses différences et ses choix.
Trouver sa place dans l’entreprise familiale
L’adjectif familial dans “entreprise familiale” ne désigne pas seulement l’appartenance à une même lignée. Dans les sociétés où la proximité est grande, une famille professionnelle peut s’être créée entre l’ancien dirigeant et ses collaborateurs.
Le repreneur doit trouver sa place et gagner la confiance des salariés, dont certains sont en poste depuis de nombreuses années. Ses méthodes et idées peuvent être rejetées. Il doit trouver l’équilibre subtil entre traditions et nouveautés.
La difficulté peut être accrue si l’ancien dirigeant a du mal à laisser sa place et à prendre du recul.
Laisser de côté l’affectif familial
Les liens familiaux sont à la fois une force et une faiblesse. Le fils ou la fille peut souhaiter insuffler une nouvelle dynamique, apporter des idées et de la modernité. Cela peut bouleverser le père ou la mère. Ils peuvent y voir une mise en cause de tout ce qu’ils ont passé leur vie à mettre en place.
Dans certaines familles, les liens familiaux peuvent empêcher les discussions franches et créer des non-dits. Dans d’autres, au contraire, la liberté d’expression peut blesser.
Dans tous les cas, la reprise d’une entreprise familiale peut être source de tensions et de conflits au sein de la famille, si la communication est biaisée.
Comment bien préparer la reprise de l’entreprise familiale ?
Au vu des enjeux, défis et impacts commerciaux, financiers et psychologiques, il est important de bien préparer la reprise d’une entreprise familiale.
Préparer la transmission au quotidien
Le vendeur peut faciliter la transmission auprès de ses salariés, clients, fournisseurs et partenaires. Il peut progressivement déléguer ses pouvoirs, présenter son successeur, expliquer les étapes de la transmission.
Il est important que le futur dirigeant soit présent dans l’entreprise avant la succession. Il peut y travailler ou, au moins, être présent plusieurs fois par mois, participer à des réunions, s’intéresser aux comptes, partager les décisions stratégiques.
Analyser les impacts juridiques et fiscaux
Cession, donation ou héritage ? Chaque option a des effets financiers pour le vendeur et le repreneur. Le choix du mode de transmission se décide avec l’aide d’un expert (notaire, gestionnaire de patrimoine, avocat, comptable,…)
Rédiger un pacte familial
Le pacte ou contrat ou protocole familial aide à se poser les bonnes questions en amont afin de réduire les risques de conflits familiaux.
Il rappelle les valeurs de la famille et de l’entreprise. Il détermine les règles régissant les relations entre l’entreprise et la famille. Il répond à des questions comme « qui peut travailler ou être dirigeant dans la société ? », « comment sont rémunérés les dirigeants ? », « comment sont redistribués les dividendes ? », etc.
Il est essentiel dans le cadre d’une société transmise à plusieurs héritiers.
Se poser les bonnes questions
Vous sentez-vous l’âme d’un dirigeant ? Êtes-vous prêt à assumer des décisions parfois impopulaires dans votre famille ? Êtes-vous conscient de la pression psychologique et des sacrifices personnels que la reprise d’une entreprise familiale engendre ? Ressentez-vous vraiment l’envie de prendre la succession de vos parents ?
Une société ne se reprend pas pour faire plaisir à sa famille et ne pas rompre la transmission de génération en génération. Il faut en avoir l’envie et la motivation.
Diriger une entreprise, surtout si elle est familiale, est un engagement fort. Des formations permettent de maîtriser les compétences professionnelles indispensables. Mais aucune ne pourra vous aider à acquérir l’esprit d’entreprise ou un mindset d’entrepreneur.
Notre astuce pour reprendre une entreprise familiale
La reprise d’une entreprise familiale est un acte réfléchi qui se prépare. Bien anticipée, ce peut être la poursuite d’une merveilleuse aventure entrepreneuriale familiale. Vous serez porté par la joie de préserver et de développer le capital de la famille, à transmettre à votre tour à vos enfants.
La reprise d’une entreprise familiale implique au quotidien de gérer des questions stratégiques, financières, comptables, managériales ou organisationnelles. C’est aussi de la gestion et de la logistique.
Au quotidien, des outils peuvent simplifier vos tâches de gestion. C’est le cas de Facture.net, une solution de facturation gratuite. Avec Facture.net, vous pouvez gérer en quelques clics votre fichier client, établir des devis et générer des factures gratuitement.
Avec cet outil en ligne accessible et 100 % gratuit, vous vous extrayez des problématiques de gestion quotidiennes pour vous concentrer sur l’essentiel : la stratégie et le développement de votre entreprise familiale.